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Châtillon-en-Vendelais : Le festival de cinéma s’invite au cœur de la campagne

À Châtillon-en-Vendelais, notre image de la campagne bretonne se pare, une fois dans l’année, des lumières du 7e art. Depuis bientôt deux décennies, ce village, blotti dans le Pays de Vitré, réinvente le dialogue entre cinéma et ruralité grâce au Festival Cinéma Campagne. Ici, l’automne ne rime plus uniquement avec moissons ou flamboiement des arbres, mais aussi avec éclats de projecteurs, débats foisonnants et regards posés sur le monde. Le cinéma Le Vendelais se transforme, sur quelques jours précieux, en carrefour où se croisent réalisateurs, habitants, cinéphiles venus d’ailleurs et amoureux d’images authentiques. Loin des grandes métropoles, la culture s’invente et se partage dans l’écrin d’un bourg, prouvant que la campagne n’est jamais à court d’idées ou d’audace pour célébrer l’écran et la nature.

Le Festival Cinéma Campagne : une aventure humaine et artistique au cœur de Châtillon-en-Vendelais

Le Festival Cinéma Campagne, appelé affectueusement « CinéCampagne » par ses habitués, s’apparente à une respiration essentielle à la vie culturelle de Châtillon-en-Vendelais. Pourtant, il serait réducteur de ne le voir que comme un simple rendez-vous cinématographique de plus : il véhicule, saison après saison, des valeurs d’engagement, de proximité et de partage. L’histoire du festival commence modestement, avec la volonté d’un groupe de passionnés — bénévoles, enseignant.es, agriculteur.rices et artisans — réunis autour du micro-cinéma associatif Le Vendelais. L’audace, ici, fut de donner à voir des films qui racontent la campagne, mais pas seulement.

Cette aventure collective a rapidement dépassé le cercle des initiés : en l’espace de quelques années, CinéCampagne s’impose comme le Châtillon Film Fest, un événement attendu qui fait battre le cœur du bourg. Les équipes misent sur une programmation exigeante, mêlant documentaires internationaux, fictions rurales, œuvres d’animation, et créations amateurs locales. L’objectif est clair : ouvrir un espace de dialogue où chaque projection devient l’occasion d’aborder des questions essentielles, allant de la sauvegarde des paysages à la transmission du patrimoine, en passant par l’adaptation aux nouveaux défis agricoles.

L’expérience du Festival Rural d’Images s’ancre dans la convivialité, mais réclame aussi une grande rigueur logistique et artistique : choix des œuvres, accueil des invités, coordination d’ateliers pédagogiques avec les écoles et les collèges environnants, organisation de balades thématiques ou de cinés-débats. À Châtillon-en-Vendelais, le festival n’est pas une parenthèse, mais bien un rendez-vous co-écrit avec les habitants eux-mêmes.

L’organisation mise sur le renouvellement : chaque édition, une nouvelle thématique ou une facette méconnue de la ruralité s’invite sur l’écran. Pour 2025, le choix s’est porté sur « la nature vivante et sauvage », renouvelant l’approche des éditions précédentes axées sur le récit de paysans ou l’écologie contemporaine. On y retrouve cette volonté d’hybrider les regards : le public découvre des films rares, venus de festivals internationaux, mais aussi le regard d’artistes locaux, qui captent les mutations de leur territoire.

Ce brassage entre professionnels et passionnés, jeunes et anciens, fait l’ADN du Châtillon Cinéma. Le modèle repose, certes, sur l’engament de dizaines de bénévoles, mais aussi sur la volonté d’un territoire tout entier de préserver un lieu culturel ouvert, à hauteur d’habitant. La sélection exigeante — plus d’une cinquantaine de films présentés depuis la création du festival — contribue à inscrire Châtillon-en-Vendelais sur la carte des passionnés de cinéma rural, loin des blockbusters, mais riche en découvertes.

Projection Nature et débats : à la croisée de l’écran et du vivant

L’une des plus grandes particularités du Festival Cinéma Campagne est l’importance accordée à l’expérience collective du film. Ici, une séance ne se termine jamais au générique de fin : chaque projection devient le point de départ d’une conversation vivante. Ce principe d’ »Écran Nature » attache une place centrale à la parole partagée, incitant les spectateurs à dépasser la posture de simples consommateurs d’images.

À la sortie d’un documentaire sur la biodiversité, les lumières rallumées, un micro circule : agriculteurs, élèves, élus, visiteurs de passage croisent leurs regards. Il n’est pas rare d’entendre à la sortie de la salle Le Vendelais cette phrase devenue signature : « Ici, débattre n’est pas du cinéma ». Loin d’être anodine, cette approche s’inscrit dans un souci de retisser du lien social par le partage d’expériences, la transmission de savoirs, et la confrontation — parfois vive — d’idées.

Le « Campagne Cinéma » multiplie les formats de discussions : rencontres avec les réalisateurs, échanges intergénérationnels, tables rondes avec des professionnels venus expliquer les coulisses du métier, ou encore ateliers « cinéma nature » pour les enfants. Des partenariats avec des associations d’écologie, de tourisme vert ou des apiculteurs locaux viennent élargir la réflexion : la projection n’est qu’un prétexte à regarder la ruralité autrement.

En 2025, la programmation s’est ouverte à de nouveaux regards, via des collaborations avec le festival Nouvelles Images Persanes. Ce pont tissé avec des créateurs iraniens offre aux spectateurs l’occasion de constater des points de convergence entre enjeux locaux et problématiques globales, montrant ainsi que la campagne bretonne partage de nombreux défis avec d’autres territoires à travers le monde.

Au fil des années, certains débats sont restés gravés dans les mémoires : qu’il s’agisse de questionner la modernisation des exploitations, l’urgence de préserver les bocages, ou la place des femmes dans l’agriculture, le Rural Ciné Fest accueille la controverse avec bienveillance. Pour nombre d’habitants, participer aux discussions du festival est devenu une tradition : ici, on apprend autant sur l’autre que sur soi-même.

Cinéma de proximité : Le Vendelais, symbole d’un engagement associatif fort

Le cinéma Le Vendelais, pilier du Festival Cinéma Campagne, n’est pas un simple lieu de projection. C’est l’un des plus petits cinémas associatifs d’Ille-et-Vilaine — un espace doté d’une trentaine de places, mais au rayonnement bien plus large que sa jauge ne le laissait présager à ses débuts. Ce lieu unique incarne l’engagement d’une génération de bénévoles et de passionnés, décidés à offrir un accès à la culture dans un environnement rural, là où la disparition des salles obscures semblait inéluctable.

La force du modèle associatif repose sur la co-construction : habitants, commerçants et agriculteurs participent à la fois à la programmation « Films en Vendelais » et à la vie quotidienne de la salle. Chacun apporte ses compétences, qu’il s’agisse d’accueillir le public, de servir une soupe après la projection, ou d’animer un atelier de cinéma. Ce mode de fonctionnement, qui s’inscrit dans la durée, est perçu comme une alternative crédible à la centralisation culturelle et à la désertification des communes rurales.

Le Vendelais ne se contente pas d’offrir une vitrine à des œuvres exigeantes : il sert de terreau à de nouvelles formes de création et d’initiatives, qu’il s’agisse de projets de jeunes cinéastes, de films collectifs réalisés en partenariat avec diverses structures du territoire, ou de soirées thématiques consacrées à la mémoire locale. Loin d’être figée, la programmation évolue au fil des saisons et des envies des habitants.

Le festival CinéCampagne devient chaque année un catalyseur de dynamiques, incitant d’autres communes à réhabiliter leurs propres lieux de diffusion. La reconnaissance institutionnelle obtenue, notamment grâce à des partenariats avec l’Office du Tourisme du Pays de Vitré, valide ainsi le pari un peu fou lancé il y a près de vingt ans.

Autre force : la proximité. Ici, les spectateurs peuvent échanger directement avec les équipes, partager un verre après un film ou proposer leur propre sujet de débat. Ce bouillonnement relationnel fait la grande différence avec les grands complexes urbains : la campagne prouve que l’accès à l’image et à la réflexion critique ne doit pas être un privilège réservé aux grandes villes.

Châtillon-en-Vendelais, carrefour de la création cinématographique rurale

La programmation du Châtillon Film Fest mise sur un équilibre subtil entre films à résonance universelle et récits profondément ancrés dans le terroir local. Chaque année, la sélection se construit en dialogue étroit avec les habitants. Elle propose des œuvres qui racontent la transformation du monde rural, ses résistances, ses beautés, mais aussi ses doutes face aux dynamiques sociales, environnementales et technologiques à l’œuvre partout en Europe.

Ce regard sur la campagne dépasse la simple représentation pittoresque ou nostalgique. Quand une fiction raconte le quotidien d’un jeune éleveur en butte aux normes européennes, ou qu’un documentaire retrace le parcours de femmes chefs d’exploitation agricole, c’est toute une mosaïque d’expériences qui trouve une caisse de résonance. Les films en compétition, nourris de repérages et de témoignages, dressent ainsi un portrait nuancé des mutations à l’œuvre — souvent ignorées par le cinéma mainstream.

Le Festival Rural d’Images accorde également une place de choix à la création émergente. En 2025, l’ouverture vers l’international se poursuit avec la compétition « Nouvelles Images Persanes ». Par ce biais, le public de Châtillon-en-Vendelais découvre, en avant-première européenne, des films venus d’Iran. Ces œuvres proposent un point de vue unique, tant sur la ruralité que sur les relations entre tradition et modernité. L’échange devient fécond, car il permet de penser le local à l’échelle du monde.

La dynamique s’appuie aussi sur les ateliers et les formations proposées en marge du festival. Qu’il s’agisse de « ciné-balades » à travers bocages et chemins creux, d’initiations aux techniques du film documentaire ou de masterclass animées par des réalisateurs invités, le festival nourrit la vocation de former une nouvelle génération de passeurs d’images. Des jeunes, issus des campagnes environnantes, trouvent là un territoire d’expression et de créativité parfois insoupçonnés.

Le lien entre Châtillon-en-Vendelais et la création cinématographique témoigne d’une volonté de décentraliser la culture, de la désenclaver, et de montrer que le cinéma rural n’a rien à envier aux grands festivals urbains. Cet engagement pour un « Rural Ciné Fest » de qualité se traduit chaque année par une fréquentation en hausse et une reconnaissance accrue dans les réseaux culturels régionaux et nationaux.

L’impact du Festival Cinéma Campagne sur la vie locale et l’écosystème culturel

Le Festival Cinéma Campagne ne se limite pas à quelques soirées festives ou à une offre culturelle ponctuelle. Il impulse de réelles transformations : d’abord en termes de cohésion sociale, car il fédère différentes générations autour d’un projet commun. Les plus jeunes découvrent des histoires et des métiers, les anciens transmettent une mémoire du territoire. De nombreuses familles locales racontent que leur premier film vu en salle date d’une édition de CinéCampagne.

L’économie locale bénéficie aussi de l’événement. Durant le festival, les hébergements se remplissent, les restaurateurs proposent des menus spéciaux, les marchés locaux respirent la fête. Des artisans profitent de la visibilité offerte pour présenter leurs produits, et même les écoles intègrent des modules pédagogiques autour du cinéma rural et de l’environnement. Ce maillage crée une dynamique vertueuse, renforçant l’attractivité du village auprès de nouveaux venus, porteurs de projets ou simples curieux séduits par l’esprit fédérateur de Châtillon-en-Vendelais.

Au-delà de l’aspect événementiel, le Festival Rural d’Images forge une identité territoriale forte. Les habitants se réapproprient l’image collective de leur commune, devenant à la fois acteurs et spectateurs de la transformation de leur environnement. Le succès croissant de la « Projection Nature » incite les municipalités voisines à innover, à créer des passerelles, à faire du cinéma un levier d’inclusion sociale et de développement durable.

De nombreux témoignages soulignent l’importance de ce rendez-vous, à la fois pour les anciens qui retrouvent un sens du collectif, et pour les jeunes qui voient leurs horizons culturels s’élargir. Les répercussions du festival résonnent toute l’année : projections itinérantes dans les hameaux, créations de ciné-clubs, organisation d’expositions photo sur la ruralité. À Châtillon-en-Vendelais, on ose parler du « miracle du Vendelais » : transformer une salle modeste en laboratoire de créativité et d’action citoyenne durable.

Cette vitalité n’est pas le fruit du hasard mais celui d’une implication sans faille, qui positionne désormais la commune comme un carrefour du cinéma rural, un modèle pour d’autres territoires en quête de sens et de rencontres. Sans jamais perdre de vue ce qui fait l’ADN du Festival : proximité, ouverture, et dialogue avec la nature, véritables piliers d’un renouveau culturel au cœur de la campagne.

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