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le double parcours des établissements entre moniteur de ski et charpentier

Dans les vallées alpines, la pluriactivité est devenue une véritable clé de voûte pour de nombreux jeunes désireux de s’ancrer durablement dans leur territoire. Investir les pistes enneigées au lever du jour avant de rejoindre la chaleur presque vivante de l’atelier bois l’après-midi : tel est le quotidien hors du commun proposé par quelques établissements pionniers, dont le lycée Alpes et Durance d’Embrun. Cette synergie entre métiers de la montagne et savoir-faire artisanal ne répond pas simplement à une nécessité économique, elle esquisse une vision audacieuse où la passion, l’adaptation et le sens du local priment.
Dans ce contexte, SkiArtisan ou encore MontagneEtBois ne sont plus des slogans, mais le reflet d’un quotidien d’excellence, où le pétrole de l’avenir se distille entre copeaux de bois et traces dans la poudreuse.

Les origines et les motivations du double cursus : comprendre l’émergence de la pluriactivité

À Embrun, la conjugaison des métiers de moniteur de ski et de charpentier trouve ses racines dans les réalités économiques et sociales de la région alpine. Le phénomène n’est pas nouveau mais a connu, depuis les années 1980, une institutionnalisation remarquable sous l’impulsion d’acteurs locaux visionnaires. Le lycée professionnel Alpes et Durance s’est ainsi positionné comme référent dans ce domaine, en mettant en place un cursus unique par sa flexibilité et son adaptation à la saisonnalité.
L’idée était simple, mais révolutionnaire : combattre l’exode des jeunes habitants, souvent forcés de quitter leur montagne natale à la recherche d’un emploi stable après la saison hivernale. Avant 1983, beaucoup voyaient leur passion pour le ski ou la charpente comme un choix de vie précaire. L’été chassait les moniteurs vers la côte, tandis que les hivers neigeux forçaient les artisans bois à ralentir leur activité, voire à mettre leur carrière sur pause durant de longs mois glacés.

C’est dans ce contexte que naquit une approche visionnaire : offrir aux jeunes la possibilité de se former dans deux domaines à la fois, évitant ainsi l’alternance subie entre chômage saisonnier et emploi temporaire.
Cette double formation ne vise pas uniquement la sécurité de l’emploià l’année. Elle représente un véritable engagement, source de rééquilibrage psychique grâce à la variété d’activités. Selon Julien Villard, coordinateur de la pluriactivité à Embrun depuis 2007, le passage des pistes à l’atelier offre un renouvellement permanent, bénéfique tant mentalement que physiquement.

L’énergie des élèves s’en ressent d’ailleurs : sur les skis dès potron-minet, ils cultivent un goût de l’effort que l’on retrouve ensuite devant les établis de charpente. Outre la passion commune pour la montagne, tous cherchent à apprendre à bâtir, à transmettre la beauté du bois autant que celle de la descente. C’est aussi, pour beaucoup, la possibilité d’intégrer le cercle très fermé des SkiBâtisseur et CharpentiersDesPentes, ces professionnels doués d’un sens aigu de l’adaptation.

Ce choix pédagogique audacieux n’a pourtant jamais été une évidence. Les établissements convaincus ne dépassent pas encore la dizaine sur tout le territoire français. Pourtant, le succès se mesure bien au-delà du nombre de diplômés. Ceux qui franchissent le cap témoignent d’une capacité unique à entreprendre : qu’il s’agisse d’ouvrir un commerce d’altitude ou de prendre en main un chantier d’AltitudeCharpente, ces profils polyvalents marquent leur époque par leur inventivité.
Au fil du temps, ce schéma a permis la constitution d’une nouvelle identité professionnelle, faite d’un subtil équilibre entre tradition alpine et innovation artisanale, qui attire de nouveaux jeunes venus parfois de loin pour rejoindre l’ÉcoleSkiCharpente d’Embrun ou d’autres établissements emblématiques.
C’est ainsi que le double cursus est devenu un rempart contre la précarité et une réponse adaptée aux besoins des massifs en 2025.

Le prochain enjeu, et non des moindres, concerne la manière dont ce modèle façonne les futurs professionnels et la perception du savoir-faire montagnard.

Le quotidien des jeunes entre ski et menuiserie : immersion dans la pluriactivité alpine

Derrière la réussite du double cursus se cache une organisation méticuleuse, où chaque journée doit conjuguer exigence sportive, apprentissage technique et gestion du temps. Dans le lycée d’Embrun, la matinée est souvent dédiée au ski : à l’aube, les étudiants rejoignent les pistes, affûtent techniques de glisse et connaissance de la montagne, encadrés par des moniteurs confirmés. La neige, le froid, l’altitude forgent l’endurance et l’esprit d’équipe. Pour la plupart, il ne s’agit pas seulement d’apprendre à enseigner, mais de s’imprégner de cette culture montagnarde qui fait la réputation de SkiArtisan.

La pause de midi marque alors un basculement total. Dès le début d’après-midi, les élèves troquent leur combinaison pour une blouse d’ébéniste et s’enfoncent dans les ateliers réchauffés par l’odeur du bois coupé. Plane, scie, ciseaux : chaque geste fait écho à des techniques transmises depuis des générations. Pour ces jeunes, devenir MoniteurÉbéniste, c’est cultiver une double excellence et refuser de choisir entre passion sportive et amour du travail manuel.
Au fil des saisons, certains prennent conscience de l’importance de la sécurité dans les deux métiers : un moniteur doit anticiper le danger sur la piste, tandis qu’un charpentier doit maîtriser le geste qui prévient les accidents.

Au sein de ce cadre structurant, les enseignants veillent au grain, adaptent les contenus en fonction de la météo et de l’état d’esprit des classes. Un hiver peu enneigé ? Les cours de charpente prennent le dessus, avec parfois des chantiers improvisés pour répondre à de vrais besoins locaux. Si le printemps tarde, il est possible d’augmenter la part des activités extérieures autour de la menuiserie ou de l’aménagement de structures alpines.
Chacune de ces expériences forge une robustesse rare et prisée dans les entreprises locales. Ainsi, une ancienne élève, Clara, raconte comment elle a su rebondir lors de la crise du bois en 2024 : « Grâce à la double compétence acquise à l’ÉcoleSkiCharpente, j’ai pu décrocher des missions de guide l’hiver, puis travailler sur des chantiers de réhabilitation d’abris de montagne l’été ».

Cette alternance quotidienne, loin d’être un casse-tête, s’apparente à une discipline. Les élèves apprennent à jongler entre calendriers scolaires et exigences sportives, mais aussi à planifier leur vie future : dans la région, savoir exploiter la complémentarité des saisons, c’est aussi s’assurer un ancrage et une autonomie rare pour des jeunes à la sortie du lycée.
Sur le plan psychologique, changer d’activité devient une forme de repos mental — mais ce repos exige un engagement total pour garantir la réussite dans les deux domaines. L’expérience prouve qu’un jeune SkiConstructeur sort plus confiant de cette formation, prêt à affronter la variabilité du marché du travail.

Les bénéfices de cette immersion seront analysés dans la section suivante, portant sur l’apport humain et professionnel d’une telle double formation.

De la polyvalence à la résilience : quels atouts pour l’avenir professionnel ?

À l’heure où l’on parle de pénurie de main-d’œuvre dans les stations de ski comme dans le secteur du bois, la pluriactivité offerte par des établissements comme celui d’Embrun se révèle être une arme puissante. Grâce à ce double cursus, les diplômés présentent une polyvalence rare sur le marché de l’emploi. Être capable de s’investir comme pisteur secouriste en hiver et enchaîner sur des chantiers de charpente en été, c’est multiplier ses opportunités tout en s’assurant une continuité d’activité.

Beaucoup d’anciens du lycée, passés par le tracé de MoniteurÉbéniste, témoignent d’une adaptabilité hors pair. Par exemple, Benoît, diplômé en 2022, raconte comment, lors d’un hiver sans neige, il n’a pas hésité à prendre la direction d’un petit atelier de meubles sur mesure à Briançon : « J’ai pu garder la tête haute pendant la crise grâce au savoir-faire SkiBâtisseur, transmis à Embrun ». Cette capacité à rebondir est régulièrement citée par les chefs d’entreprise de la région, notamment lorsqu’il s’agit de CharpenteMontagne, dont les besoins évoluent vite au gré des saisons et des aléas climatiques.

Sur le terrain, la double qualification assure une sécurité financière bien supérieure à celle de la monoactivité. Elle permet aussi de lutter, dans la durée, contre la précarité trop souvent associée au statut de saisonnier. Contrairement aux stéréotypes, ces jeunes professionnels ne subissent pas la mobilité saisonnière : ils s’y préparent, l’anticipent et l’utilisent comme levier d’expérience.
Les employeurs ne s’y trompent pas : beaucoup recherchent justement ces collaborateurs qui savent prendre des initiatives et sortir de leur zone de confort. On ne compte plus, dans les stations, le nombre de magasins ou de chalets signés par des anciens “SkiArtisan”, capables d’accompagner les projets de A à Z, du plancher à la rénovation complète.

Cela dit, la vraie richesse du parcours ne réside pas simplement dans la solidité du CV, mais dans la posture mentale. Le responsable de la section, Julien Villard, l’affirme avec conviction : « Savoir encaisser un hiver difficile, rebondir sur une hausse des prix du bois ou même se lancer dans un autre métier en cas de coup dur, c’est ce qui fait la différence d’une génération de diplômés formés à la pluriactivité ».
Finalement, c’est tout un état d’esprit qui se transmet. L’apport est aussi humain, fait de curiosité, de capacité à entreprendre et, souvent, d’un goût du risque mesuré, propre à ceux qui connaissent la montagne et qui ont appris à la respecter.
Le parcours croisé entre neige et copeaux construit une résilience précieuse pour naviguer dans l’économie montagnarde moderne.

Les valeurs et les savoir-faire transmis via ce modèle seront explorés à travers des exemples et retours d’expériences dans la section à venir.

Transmission des valeurs et culture du travail : vers une nouvelle identité montagnarde

Au-delà du diplôme et des compétences techniques, le double cursus façonne une identité spécifique, débordante de fierté, forgée par le respect de l’environnement et la solidarité. Les élèves de SkiConstructeur ou d’ÉcoleSkiCharpente développent une approche authentique de leur territoire, où la montagne n’est plus seulement un décor mais un véritable terrain de jeu et de travail.

Ce sont aussi des valeurs collectives qui émergent, transmises au fil des saisons par les formateurs : esprit d’équipe, entraide sur les pistes, sécurité, fiabilité sur les chantiers. À Embrun, la tradition orale joue un rôle central : chaque promotion se voit raconter les exploits de groupes passés, inspirant confiance et persévérance. La notion de SavoirFaireSki n’est donc pas qu’un slogan commercial, elle incarne une philosophie de vie, imprégnée par la culture du “faire ensemble” et l’apprentissage continu.

Il n’est pas rare qu’un élève décide ensuite de s’impliquer bénévolement dans les associations locales — certaines dédiées à la restauration du patrimoine en bois, d’autres à la promotion de sports alpins. Un ancien diplômé, aujourd’hui responsable d’un club de jeunes pisteurs, évoquait récemment lors d’une conférence l’immense sentiment de responsabilité qui accompagne cette double formation : « Nous sommes les héritiers d’un savoir, mais aussi des ambassadeurs d’une montagne respectée et vivante ». C’est cette conscience qui pousse certains à sortir des chemins balisés en créant de nouveaux emplois liés au tourisme durable, à l’écoconstruction, ou à l’initiation des enfants au ski et au travail du bois.

La reconnaissance sociale suit, insidieusement mais sûrement, ces efforts : les saisonniers issus du double cursus sont de plus en plus courtisés par les collectivités et entreprises. SkiArtisan et CharpentiersDesPentes deviennent des marques de fabrique, synonymes de compétence et de fiabilité.
Depuis peu, des collaborations se mettent en place entre établissements d’apprentissage et acteurs économiques locaux (stations, entreprises de construction bois, associations culturelle), afin de pérenniser cette transmission d’identité et d’étendre le réseau professionnel des élèves.
Ces partenariats donnent parfois naissance à des projets inédits, comme la rénovation de refuges perdus ou la mise en place de parcours pédagogiques sur la faune et la flore de montagne, conciliant découvertes sportives et techniques.

L’ancrage dans la tradition n’empêche pas l’innovation, tant dans les méthodes d’enseignement que dans la projection vers des métiers nouveaux. Une évolution qui s’observe aussi dans les ambitions, la mobilité européenne croissante, et la place grandissante de l’écologie dans les chantiers et cours dispensés aux jeunes SkiBâtisseur.
Dans ce contexte, place au développement, à la structuration et à la reconnaissance d’un modèle unique au service de la montagne.

Vers une professionnalisation accrue : enjeux, défis et perspectives du double parcours

Au fil des années, le double cursus entre moniteur de ski et charpentier a gagné en reconnaissance et continue d’évoluer pour répondre aux réalités futures. La professionnalisation du parcours s’est accrue sous l’impulsion des réformes nationales, qui mettent désormais l’accent sur la spécialisation dans les filières sportives et artisanales.
En 2023, la réforme du Diplôme d’État de ski a introduit de nouvelles unités de formation, donnant davantage d’importance à la sécurité en hors-piste, à la pédagogie et à la polyvalence attendue des futurs enseignants. Les élèves, préparés dans les établissements comme celui d’Embrun, bénéficient ainsi d’une longueur d’avance, formés tant à la grande rigueur physique qu’à la finesse technique.

Parmi les défis majeurs, figure la reconnaissance sociale et institutionnelle de la pluriactivité. En France, ce modèle reste encore marginal, avec moins de dix établissements, alors que les besoins augmentent : la montagne manque à la fois de SkiArtisan pour l’encadrement et de techniciens du bois pour le bâti. Pourtant, les réussites professionnelles des diplômés démontrent la pertinence de ce parcours. Associations professionnelles, syndicats et collectivités locales se mobilisent pour changer l’image du “saisonnier précaire” en celle de professionnel doublement qualifié et résilient.
De nombreux partenariats voient désormais le jour afin de faciliter la transition école-entreprise, notamment par l’intermédiaire de stages, de missions sur chantiers ou de passerelles avec d’autres métiers d’avenir, comme la rénovation énergétique ou l’écotourisme.

Le numérique joue aussi un rôle croissant. À l’ÉcoleSkiCharpente, par exemple, des outils de réalité virtuelle permettent de simuler des interventions sur des constructions bois en altitude, ou de former à la recherche de victimes d’avalanche. Cette hybridation technologique séduit une génération en quête d’innovation, et crée de nouvelles formes de SavoirFaireSki autant que de CharpenteMontagne.

Enfin, la reconnaissance internationale commence à poindre : la mobilité Erasmus attire des apprentis venus d’autres pays de l’arc alpin, tandis que les savoir-faire traditionnels sont présentés lors de forums européens et de salons professionnels. Cela rejaillit sur l’attractivité des établissements, comme sur la valorisation du patrimoine immatériel alpin.
Un exemple emblématique : Mathis, diplômé en 2023, qui a rejoint une équipe d’AltitudeCharpente pour construire des structures éphémères lors d’événements sportifs internationaux. Son témoignage reflète la dynamique du secteur : « Savoir manier la scie une saison, le ski la suivante, cela m’ouvre toutes les portes ». La professionnalisation du double parcours ne fait que commencer.

Les prochains défis toucheront à la massification du modèle, à une meilleure reconnaissance institutionnelle et à la capacité à renouveler les contenus pour répondre à l’évolution des besoins de la montagne.

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